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défilé ininterrompu de Moscovites pour rendre hommage aux victimes de l’attaque

Pour l’heure, 29 victimes sur les 133 tuées ont pu être identifiées après l’attaque de Moscou, fait savoir ce samedi 23 mars le ministère russe des Situations d’urgence, au lendemain de l’attentat, revendiqué par le groupe État islamique. Les sauveteurs continuent de déblayer les débris du Crocus City Hall.

Publié le : 23/03/2024 – 23:48Modifié le : 23/03/2024 – 23:56

3 mn

De notre correspondante à Moscou,

Le quartier de la salle de concert est toujours inaccessible aux voitures, dans la capitale de Russie. L’accès se fait par une station de métro, même pas la plus proche, puis à pied, dans la neige grise du printemps.

Le bâtiment reste totalement noir, et au moindre souffle de vent, l’odeur du brûlé pique les narines. Le parking est toujours fermé, on y trouve encore des secouristes volontaires.

Leur travail ? Attendre et accompagner ceux qui ont fui l’attaque à toutes jambes, et qui espèrent retrouver, dans un escalier du centre commercial, dans les décombres de la salle, quelques affaires personnelles.

Il y a surtout, juste à côté, un mémorial improvisé dans la nuit de vendredi à samedi. Les flammes n’étaient pas encore toutes éteintes qu’on venait déjà de tout Moscou y déposer des fleurs, des bougies, des peluches…

Le silence, dans la foule, est pesant. Chacun semble muré dans sa peine. Parmi les personnes rencontrées sur place, il y a ces deux adolescentes de 15 ans encore sous le choc. L’une d’elles se confie.

Nous vivons à proximité. Nous avons vu la fumée de nos fenêtres. Et dans le groupe de discussion que nous avons, un de nos professeurs de classe a demandé : « Est-ce que vous êtes tous à la maison ? » Nous avons envoyé un texto tout de suite pour répondre que oui. Nous avions très peur, car certains de nos parents et amis auraient très bien pu être là-bas. Et nous nous sommes mises immédiatement à regarder les nouvelles. Toutes nos familles étaient assises devant la télé, regardant, inquiètes, appelant tous nos proches pour savoir où ils étaient. Nous sommes très heureuses, car rien n’est arrivé à personne. Mais ce qui est arrivé nous rend tellement tristes.

« Peu importe qui a fait ça »

Le flot est ininterrompu ; on vient dans un silence épais, seul, entre amis, en famille, tous âges confondus. Les mots qui reviennent le plus souvent ici, c’est le choc, le chagrin. On voit des larmes couler.

« C’est une terrible tragédie, dit ainsi une femme accompagnée de son mari et de ses deux enfants. Nous voulons simplement exprimer notre compassion pour les personnes décédées, qui ne sont coupables de rien. Nous voulons partager ce chagrin avec leurs proches et les soutenir. »

« C’est notre problème à tous, une tragédie et une douleur commune, considère une femme venue seule avec un bouquet d’œillets. Mais je pense que c’est mieux de ne pas parler de l’Ukraine. Pour moi, de toute façon, que peu importe qui a fait ça. Ce qui compte, c’est que des gens, dont des enfants, sont morts. C’est une tragédie, car il n’y a pas de retour en arrière possible. »

En fin de journée, la classe politique russe avait commencé à s’agiter, des voix réclamant le retour de la peine de mort. Une pétition en ce sens sera lancée dès lundi.

Les autorités russes ont annoncé ce samedi l’arrestation des quatre assaillants qui avaient ouvert le feu à l’arme automatique avant d’incendier le bâtiment avec un liquide inflammable.

Le témoignage d’un rescapé

Ivan Pomorin, cameraman, était censé filmer le concert. Il faisait partie de cette foule qu’on a vue sur un pont en hauteur courir et quitter le centre commercial où se trouvait la salle. Il est revenu ce samedi soir au Crocus Hall pour essayer de retrouver quelques affaires. Il raconte sa fuite angoissante et à ce qui est à ses yeux une défaillance dans l’accompagnement sanitaire et de sécurité.

Quand nous étions en train de courir, là-bas sur le pont, bien sûr, c’était effrayant, car des gens ont amené un homme avec une blessure par balle et aucune ambulance ne pouvait l’emmener. Je me suis rendu compte, en tant que professionnel qui filme une série télé avec des ambulances depuis sept ans, qu’il y avait encore un homme blessé allongé par terre. Les copains l’ont déplacé. C’est-à-dire que tout le groupe d’ambulances était extrêmement loin, et il a fallu qu’on traine cet homme nous-mêmes, de nos propres mains, sur 200 mètres, peut-être 300, jusqu’à un véhicule d’urgence. Les pompiers sont arrivés en retard, les ambulances sont arrivées en retard. Je n’ai vu aucune ambulance ici dans cette rue, prête à servir, comme elles devraient habituellement l’être lors d’événements publics. Je n’en ai vu aucune et je ne sais pas pourquoi. Peut-être qu’elles étaient juste quelque part au mauvais endroit, mais personnellement je n’ai rien vu. J’ai vu une sécurité du bâtiment absolument impuissante en termes de coordination de notre sortie sur le pont, impuissante en termes de coordination de la façon d’évacuer les gens de la salle.

Ivan Pomorin, cameraman, rescapé de l’attentat de Moscou

Anissa El Jabri

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